La seule raison ayant une valeur réelle, que l’on puisse invoquer contre la loi des otages, est la suivante : On peut dire que nul n’est responsable que de ses actes, que les délits et les crimes sont personnels. Il est donc injuste de faire expier à des otages des crimes auxquels ils sont étrangers, et auxquels ils n’ont pu contribuer en rien parce qu’ils étaient prisonniers lorsqu’ils ont été commis.
C’est là une raison sérieuse ; nous sommes trop équitable pour ne pas la mentionner ici et la reconnaître.
Aussi, nous n’aurions pas voté la loi des otages, si nous avions été membre de la Commune quand elle a été faite, sans proposer un amendement, dans lequel il aurait été dit : Que cette loi n’aurait pas d’effet rétroactif pour les otages qui étaient en prison quand les crimes à punir ont été commis.
Ceux qui auraient été arrêtés après la perpétration des crimes à punir, auraient été admis à prouver devant le jury qu’ils y étaient complètement étrangers, qu’ils n’y avaient participé en rien, et dans ce cas ils auraient été mis en liberté et simplement consignés dans Paris jusqu’à la paix.
Nous croyons que sous aucun prétexte on ne doit jamais se départir dans la pratique de la justice des grands principes du droit immuable, qui doit être la base des actes de tout honnête homme aussi bien que de tout ordre social. Et nous sommes heureux.