Page:Va toujours.djvu/39

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ses preuves à l'armée de conquête en Afrique, l’avenir avec lui ne semblait pas inquiétant. Si Clotilde voulait... elle, sa soeur aînée, consentirait avec joie. Ses yeux roux clairs et tendres, eurent une expression d’ardente sympathie et elle dit, la voix enrouée par l’émotion :

— Je serai charmée de causer avec Mme Semtel. Elle vient quelquefois chez moi, je serai charmée de la revoir.

René, d’un élan de joie, lui tendit les deux mains, Clotilde rentrait accompagnée de Denise, elles étaient chargées de fleurs et de fruits.

— Voyez, Monsieur, dit la jeune fille, ces pauvres marguerites étaient couchées sur îa terre, ces noires de duchesses avaient roulé loin du poirier, elles ne sont pas mûres, mais en compote, elles seront parfaites. Il ne faut pas qu’elles soient perdues, ce serait dommage.

Et comme tous deux la regardaient avec une expression attendrie, elle leur sourit :

— Rassurez-vous, le jardin est abîmé, non perdu, un peu de soleil va lui faire oublier la tempête.

REVES DE BONHEUR

Les deux soeurs partirent après le dîner de midi. René les reconduisit. La cour d’entrée de îa maison du Frêne était encore pleine d’eau. Louison, la servante, avait passé une nuit affreuse, ne sachant pas ce qu’étaient devenues ses maîtresses. Celle-ci la consolèrent. Leurs appartements personnels situés sur la terrasse en haut, n'étaient nullement endommagés, le jardin abrité au Sud, n’avait pas grand mal.

René quitta vite ses amies nouvelles, il avait hâte de courir chez sa belle soeur place Saint-Maurice. Le brave garçon ne se sentait pas de joie. Quel bonheur l’attendait, sa vie solitaire serait peuplée, sa grande maison animée, peut être un jour verrait-on un bébé rire et jouer dans le parterre. L’ex-soldat d’Afrique rêvait de ces choses inconnues qu’il n’osait préciser, mais dont il sentait en lui la chaleur... Son pas relevé, ses yeux vifs, racontaient l’espérance. Et quand Mme Michel Semtel l’aperçut par la fenêtre près de laquelle elle tricotait, tourner l’angle du Parvis après avoir grimpé allègrement la montée Saint-Maurice, elle devina qu’il se