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42 V, TOUJOURS

Clotilde était ravissante dans sa simple toilette de satin^ blanc, sa couronne d’oranger et de myrthe, son alliance toute neuve, la bague de fiançailles qui avait jadis orné le doigt de Mme Semlel en rubis enchâssés d’or. v

Les pêcheurs de la Maine, qui aimaient leurs voisine toujours prête à leur rendre service, avaient pavoisé une barque et passaient en chantant au-dessous de la terrasse. Ils furent admis à trinquer avec l’assistance. Et ce fut seulement au coucher du soleil que les invités se retirèrent. Mme Michel Semteî, Mlle Aga’Jîe d’Aîiencourt montèrent avec les mariés dans la grande calèche pour les reconduire chez eux. Les vieilles servants, qui avaient pris les devants, reçurent les époux sur le seuil de la rue. Nanette tenait trois belles roses blanches autour desquelles était enroulé un chapelet d’oij pendait une belle croix d*or (une Jeannette comme on en avait alors). C’était le dov de joyeuse arrivée que les fidèles domestiques offraient à leur jeune maîtresse. Puis Agathe s’en alla avec Mme SemteL Pascal referma le portail sur la rue et seuls, libres, heureux, les marié>s, la main dans la main, montèrent le large escalier aux marches d’ardoises bleues pour gagner la grande et belle chambre dont les fenêtres dominaient le mur de la cour et laissaient voir la ville éclairée de ses réverbères, sous lesquels, les soldats trompettes e tambours en mains, parcouraient les boulevards en sonnant’ la retraite (usage du tem.ps de l’Empire).

XII

LA CASSETTE MYSTERIEUSE

René Semtel éprouvait un infini plaisir à montrer samaison et tout ce qu’elle contenait à sa jeune femme et celle-ci s’amusait comme une enfant confiante et heureuse à reg’arder les vieilles choses, les mystères des tiroirs fermés où s’entassaient les bibelots de jadis : bijoux, soies, dentelles, coffrets, estampes d autrefois, sur lesquelles avaient passé des générations, et surtout la merveilleuse croix d’ivoire suspendue au mur au-dessus de la cheminée. Avec quel bonheur, son mari lui disait :

— Tout cela est à toi.

— Montre-moi la cachette où la nuit de décembre 1793, notre cousin, le Prieur de Saint Nicolas, avait enfermé le Christ qui veille su) nous, les vases sacrés, la cloche de cristal au son de Paradis.