Page:Vacher de Lapouge - Race et milieu social.djvu/307

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où la différence crânienne des urbains et des ruraux se trouve signalée, et il est à remarquer que Durand voit dans cette différence le résultat d’une modification directe sous l’influence du milieu urbain. C’est l’examen de la tête du philosophe de Rodez Grandet qui avait attiré l’attention de Durand sur ce point, et j’ai entendu dire que l’idée première revenait à Grandet.

Broca répondit à Durand que l’influence des milieux lui paraissait jouer un rôle exagéré dans son explication des faits (p.185). La différence de dimension crânienne des ruraux et des urbains est un fait connu même des chapeliers, qui dans certaines villes ont des assortiments différents pour la clientèle urbaine et la rurale, mais s’il y a une différence dans la forme du crâne elle devrait être plutôt attribuée à la race (p. 187). Une race conquérante peut s’être fixée de préférence dans les villes. Pour transformer une race brachycéphale en dolichocéphale il faudrait une énorme période de temps (p. 188). Quatrefages observa de même que si un type brachycéphale et un type dolichocéphale peuvent descendre d’une souche commune, la transformation ne saurait s’effectuer en quelques générations (p. 198).

La discussion se prolongea pendant plusieurs mois, très âpre, bien plus âpre que les comptes-rendus officiels ne le laissent supposer. Tout le monde était d’accord pour admettre en principe la double influence de la race et du milieu sur les populations aveyronnaises, mais Durand, plein de son sujet, parlait sans cesse du milieu, les anthropologistes ne parlaient que de race, et chacun finissait par discuter comme si son antagoniste avait nié l’existence de l’une ou de l’autre. Il n’y avait guère de raison, dans ces conditions, pour que cette discussion mal engagée prit fin, et, entre temps, il fut dit des paroles irréparables.