Page:Vachet — Glossaire des gones de Lyon, 1907.pdf/9

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Aujourd’hui il y a des bêches ; les bons nageurs y sont-ils nombreux ?

« Et les poursuites des larmizes au printemps, et les fuites précipitées, quand survenait une radée, pour se mettre à la soute, et les jeux de toutes sortes, la caniche ou les classes, qu’il fallait franchir à la jambe-rotte, et la semelle à bomber, et le cochon-salé, et la bauche caminante, et le quinet, avec son sacrementel : Point de pas de chien ; et l’hiver avec ses glissières sur lesquelles les timides s’aventuraient à cacaboson, ou avec les béates stations près du rissoleur de marrons, quand le temps était chanin.

« De ces expéditions désobéissantes, on revenait souvent avanglé la tignasse en désordre, un panaire déchiré, des chaussure qui faisaient regret. En rentrant à la maison, c’était une dare formidable qui vous attendait, généralement suivie d’une râclée à coups de picarlats. Mais, comme dit Guignol, c’était tout de même canant, et vite on grimpait à la suspente pour abréger les arias.

« Mais je m’arrête, je m’aperçois que je parle un singulier langage, presque inintelligible. N’allez pas croire cependant que ce soit un argot particulier, non, c’était un langage courant, il y a une cinquantaine d’années. Chaque province de France avait alors ses mœurs, ses costumes, son languge Le langage surtout était forgé par l’âme des populations, il semblait germer du terroir. Aujourd’hui les chemins de fer, et les relations devenues par eux plus faciles, ont généralisé le même langage. S’il reste encore quelques mots de ces provincialismes d’antan, c’est peu, et ce peu va diminuant tous les jours. Avant que notre ancien langage lyonnais ne soit devenu tout à fait une langue morte, ces quelques pages en conserveront quelques expressions. C’est un dictionnaire que ne soupçonnent pas les Académies… excepté celle du Gourguillon ».

J’ajoutais plus loin, pour faire comprendre les emprunts de notre langage à notre industrie locale, la manipulation et le tissage de la soie :

« Si d’aventure vous passez quelques jours au bord de la mer, au milieu d’une population de pêcheurs, vous êtes étonné de leur langage, qui, pour être compris, nécessite une sorte d’initiation.