Mais l’être de l’esprit, — le petit homme qui est dans l’homme, — (et qui est toujours supposé dans la grossière imagination que nous nous faisons de la connaissance), opère de son côté son changement de présence. Il ne circule point comme la conscience, dans une fantasmagorie de visions et un tumulte de phénomènes. Il voyage selon sa nature, et dans sa nature même. Je m’estimerais beaucoup si je savais me représenter son opération. Si je savais vous la décrire, cette estime pour moi grandirait en moi à l’infini. Mais il n’en est pas question.
Je me figure donc, comme je puis, que le sentiment du changement de notre séjour s’accompagne dans quelque substance inconnue, et qui nous est essentielle, d’un travail de détachement et de renouement subtils. C’est une classification profonde qui se transforme. A peine le départ résolu, et bien avant que le corps ne s’y mette, l’idée seule que tout va changer autour de nous intime à notre système caché une modification mystérieuse. De sentir que l’on s’en va, toutes choses encore tangibles en perdent presque aussitôt leur existence prochaine. Elles sont comme frappées dans les puissances de leur présence, dont quelques-unes s’évanouissent. Hier encore, vous étiez près de moi, et il y avait en moi une secrète per-