Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Là-bas, la guerre est accueillie dans l’ensemble comme une opération grandiose, nécessaire pour briser un système inquiétant de nations hostiles, et pour permettre à la prospérité prodigieuse de l’empire de nouveaux développements. Il règne une confiance immense. Il semble impossible qu’une telle préparation, un tel matériel, une telle volonté de victoire n’emportent point toute résistance. La guerre sera brève. On dictera la paix à Paris dans six semaines. Le ciel lavé par l’orage inévitable ; l’Europe émerveillée, domptée, disciplinée ; l’Angleterre réduite ; l’Amérique contenue dans son progrès ; la Russie et l’Extrême-Orient dominés… Quelles perspectives, et que de chances pour soi ! Observons qu’il n’y avait rien dans tout ceci qui fût tout à fait impossible, et que ces vues d’apparence déraisonnable se pouvaient fort bien raisonner.

Chez nous… Mais est-il besoin que l’on