Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/205

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nous rappelle la suprême simplicité de nos sentiments ? Il ne s’agit pour nous que d’être ou de ne plus être. Nous savons trop le sort qui nous attend. On nous a assez dit que nous étions un peuple en décadence, qui ne fait plus d’enfants, qui n’a plus de foi en soi-même ; qui se décompose assez voluptueusement sur le territoire admirable dont il jouit depuis trop de siècles.

Mais cette nation énervée est aussi une nation mystérieuse. Elle est logique dans le discours ; mais parfois surprenante dans l’acte.

La guerre ? dit la France. — Soit !

Et c’est alors le moment le plus poignant, le plus significatif, — disons, — le plus adorable de son histoire. Jamais la France frappée à la même heure du même coup de foudre, apparue, convertie à elle-même, n’avait connu, ni pu connaître une telle illumination de sa profonde unité. Notre nation, la plus diverse, et