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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/407

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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

l’autre extrémité de la ville, aux portes de la grande mosquée (Jumna-Musjeed), tout disposé à continuer ses fonctions de cicérone. C’est la même lunique flétrie, la même canne à pomme d’argent, le même œil avarié : il n’y a pas à douter de l’identité du personnage.

Si le fort et le palais, l’appareil militaire et le luxe de la cour ne présentent plus à Dehli que l’ombre flétrie d’une grandeur passée, la religion de Mahomet a conservé dans cette citée indienne toute sa puissance ef son prestige, et c’est à tous égards un magnifique édifice que la grande mosquée qui s’élève sur un monticule d’où l’on domine la ville. On arrive au portique du temple par un escalier monumental sur les marches duquel s’étalent des boutiques d’étoffes, de comestibles, d’oiseleurs avec des milliers de pigeons, l’oiseau chéri du prophète. Des galeries soutenues de colonnes sculptées entourent la cour de la mosquée, dont vous embrassez d’un coup d’œil tous les détails. Devant vous s’ouvre une vaste cour, dallée de marbre blanc, ornée d’un large bassin où coule une eau limpide. Comme fond du tableau, on a la mosquée de pierres rouges avec ses minarets pittoresques, ses dômes gracieux, ses salles profondes, où l’on pénètre par trois arcades gothiques. Le jour tirait à son déclin, l’œil perçait mal les profondeurs d’une demi-obscurité, et je ne pus m’expliquer un assemblage nuageux de formes indécises qui semblaient flotter au niveau des dalles de marbre ; mais les attitudes si diverses qui distinguent la prière turque m’eurent bientôt donné la clef de cette énigme, et les croyants