Aller au contenu

Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
398
LES ANGLAIS ET L’INDE.

prosternés la face contre terre s’étant relevés à la voix de l’iman, l’édifice se remplit comme par enchantement d’une foule vêtue de blanc, ayant un aspect d’ombres vraiment fort poétique.

C’est en dehors de la ville actuelle surtout que la puissance des empereurs mogols se révèle dans sa majesté. Sur plusieurs lieues la terre est jonchée des débris du passé, et une suite non interrompue de ruines gigantesques vous conduit au Kutub, monument excentrique dont tout voyageur curieux de ses devoirs est tenu d’aborder le faîte. L’aspect de la route ne manque pas d’originalité : sous les murs de la ville, des pèlerins natifs sont établis dans des tentes bariolées qu’entourent des chevaux, des chameaux, des éléphants au piquet, et une fois dans la campagne, vous rencontrez à chaque pas des bandes d’ânes chargés de gâteaux de bouse de vache qui, vu la rareté du bois, servent de combustible aux habitants de Dehli ; des Arabes du désert, des tribus de gypsies montées sur des chameaux, ou bien encore de petites voitures à deux roues surmontées d’un dais sous l’abri duquel il vous semble qu’un humain peut à peine s’asseoir, et où, par un phénomène inexplicable de compression, une famille entière se trouve souvent entassée.

Le Kutub est situé à environ 7 milles de Dehli ; c’est un gigantesque pilier de pierres rouges qui se dresse en cône tronqué à une hauteur de 242 pieds sur une base d’environ 45 pieds de diamètre. Il est divisé en quatre balcons situés à hauteurs inégales, et les entablements