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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/409

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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

qui les supportent, sculptés avec un art exquis, donnent à ce curieux débris du passé un cachet extraordinaire de monument élevé par des Titans et embelli par le ciseau de quelque artiste de premier ordre. Tout à l’entour du Kutub s’étendent des galeries soutenues par des colonnes d’une architecture primitive, couvertes de sculptures excentriques, quelquefois même fort lascives, mais toutes religieusement mutilées. Ces mutilations et quelques inscriptions conduisent les savants à admettre que le Kutub fut bâti au xiiie siècle par l’empereur Kutub, le premier de la dynastie afghane, pour servir de minaret à une mosquée construite sur les ruines et avec les ruines de vingt-cinq temples hindous. Un escalier tournant conduit au faîte de ce singulier édifice, et le panorama vraiment magnifique qui de son sommet se déploie sous vos yeux est une ample récompense des fatigues d’une ascension de plus de deux cents marches. Partout à l’horizon des vestiges imposants de puissance et de splendeur. Quels récits émouvants de victoires et de catastrophes, de sublimes dévouements, de trahisons ou de crimes raconteraient ces froides pierres ! Quelle voix de prédicant peut parler plus éloquemment du néant des grandeurs humaines que cette plaine à perte de vue couverte de masses informes qui ont été d’imprenables forteresses, de magnifiques palais, des tombes royales ! Histoire pleine de vicissitudes en effet que celle de cette Dehli sous les murs de laquelle les jeux de la force et du hasard ont cent fois décidé du sort d’un empire de cent millions d’âmes, et qui pendant des siècles a vu tous les trésors