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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/410

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LES ANGLAIS ET L’INDE.

de l’Asie affluer dans son enceinte ! Il y a cent ans à peine, en 1739, les murs de cette Babylone ont été témoins des horreurs d’un sac devant lequel pâlissent les plus tristes pages des annales européennes. Je ne puis résister à l’envie de reproduire ici le récit pittoresque de cette journée terrible, ainsi qu’il m’a été fait par un aimable et savant cicérone, infatigable lecteur des annales de l’empire mogol.

Lorsque l’armée de Nadir-Schah eût paru sous les murs de Dehli, l’esprit de trahison et les menées jusque-là secrètes des vizirs ne tardèrent pas à se révéler, et l’empereur Mahomet ne put se dissimuler les dangers qui le menaçaient au sein même de son palais. Dans sa douleur, il s’écria qu’un ennemi déclaré était moins à craindre que de perfides amis, et prit l’héroïque résolution de se rendre auprès du monarque persan et de faire appel à sa générosité. Son attente ne fut pas trompée, et Nadir-Schah, touché de cette marque de confiance, accepta pour rançon de l’empire une somme de 25 crores de roupies, environ 30 millions sterling.

Pendant que les magistrats s’occupaient de lever cette énorme contribution de guerre sur les habitants, le manque de vivres commença à se faire sentir dans la cité, dont les troupes persanes interceptaient les communications avec la campagne, et Nadir-Schah, pour prévenir des désastres, ordonna d’ouvrir les greniers publics et de vendre les grains à un prix déterminé. Une foule immense se porta immédiatement dans les marchés, et surtout au bazar royal. Là, au milieu de la