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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/417

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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

abandonné le soin de ses affaires temporelles pour s’occuper de ses affaires spirituelles et venir rendre hommage au dieu Gange.

Des scènes étranges et pleines de couleur locale annoncent aux voyageurs les abords du camp des pèlerins. Sur les rebords de la route, de hideux mendiants étalent avec complaisance, aux regards des passants, des lèpres repoussantes, de venimeux ulcères, des membres inexplicables. Des hommes saints, les cheveux couverts d’ordures et dépourvus de costume, appellent la charité avec des cris forcenés, ou bien encore ce sont des bœufs sacrés et phénomènes avec un caparaçon, couvert de coquillages et une cinquième jambe attachée à l’épaule ou à la croupe, prodige cousu de fil blanc, dans toute l’acception du mot, qu’acceptent sans inventaire ces populations crédules. La plus abondante récolte d’aumônes est semée sur un tapis étendu près d’un sannyassi qui a eu la curieuse idée de se coucher au milieu de la route, sous plusieurs pouces de terre, dont sa face et sa poitrine sont couverts, exercice pneumatique dont la victorieuse concurrence ruine un pauvre bœuf sacré qui, à quelques pas de là, offre en vain à l’attention des fidèles une jambe inutile fort artistement soudée à sa nuque.

La réunion d’Hurdwar participe à la fois de la solennité religieuse, de la foire commerciale et du carnaval. Parmi les croyances superstitieuses qui se rattachent à ces lieux consacrés, une des plus répandues est celle de la toute-puissante efficacité spirituelle d’un bain pris