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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/424

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LES ANGLAIS ET L’INDE.

un berger, racontait qu’étant allé chercher le pain spirituel près d’un baïragee borgne et vénéré, ce dernier lui recommanda de rester des heures entières les yeux fixés vers le ciel. La recommandation fut littéralement suivie, et le pauvre néophyte devint la proie d’une si violente ophthalmie, que son directeur spirituel put lui annoncer que bientôt il n’aurait plus rien à envier à son maître, car lui-même n’avait perdu l’œil qui lui manquait qu’à la suite des tortures volontaires auxquelles il avait soumis ses rayons visuels. Cette révélation fit tomber les écailles qui couvraient les yeux endoloris de l’apprenti baïragee, et, avec le bon sens d’un véritable Gros-Jean, il renonça à la profession de saint homme pour revenir à ses moutons. Un autre a déclaré qu’à l’exemple de son directeur, il demeurait des journées entières assis sur ses talons, bouchant hermétiquement de ses dix doigts ses narines, sa bouche et ses oreilles, ne s’occupant que du soin de ne jamais rejeter l’air par le même orifice qui l’avait inhalé. Des professeurs de sainteté émérites forcent îeurs disciples à demeurer des heures entières ensevelis dans la terre jusqu’au cou, à se déchirer la chair à coups de fouet, à rester assis sur des sièges garnis de clous, etc. Il y a toutefois quelques compensations aux tortures volontaires que s’imposent les saintes gens ; ainsi l’on assure que les sanny assis sont on ne peut mieux venus auprès de la plus belle moitié de l’espèce indienne, et qu’il suffit que le bâton et les sandales, insignes de la profession, soient déposés à la porte d’une hutte pour que le mari même le moins