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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/425

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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

débonnaire s’abstienne de troubler de sa présence une mystique entrevue.

Le camp des baïragees, situé aux abords du canal, présente quelques épisodes caractéristiques qui illustrent d’une manière frappante ces folles coutumes. Ils sont là des douzaines de hideux animaux !… Eh ! pardon, sagace éléphant, chien, ami de l’homme, cheval, compagnon de ses plaisirs et de ses travaux, d’être forcé par la pauvreté de la langue d’appliquer à cette variété de l’espèce humaine le nom générique sous lequel vous êtes ordinairement désignés, car je ne vois dans le règne animal que les quadrumanes, et parmi eux seuls encore les singes, qui se mordent la queue, que l’on puisse assimiler rationnellement à ces repoussants et stupides mammifères. Il sont là, dis-je, par douzaines, sur les rebords de la route, aux portes des huttes, presque tous aussi peu vêtus qu’Adam avant sa faute, le corps souillé de cendres ou peint de couleurs bizarres, avec toutes sortes de postures fantastiques et ridicules. Celui-ci, en signe d’hommage à la Divinité, a étendu depuis des années son bras droit vers le ciel, si bien que le pauvre membre ankylosé et décrépit est devenu incapable de mouvement. Il y a si longtemps que cet autre tient les deux poings fermés, que les ongles passent à travers la paume de la main, au milieu d’une suppuration infecte. Ce saint homme, ou, avec plus de fidélité d’expression, ce dindon au gris plumage demeure à la même place depuis l’âge de puberté, debout sur une patte^ le poitrail appuyé sur une manière de balan-