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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/426

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LES ANGLAIS ET L’INDE.

çoire. Le quartier général de ces fanatiques est digne de leurs habitudes intimes : sous l’ombrage d’un arbre multipliant (ficus indica) s’élève une sorte d’autel sur lequel reposent quelques plats de cuivre garnis de riz et de fleurs. Aux quatre coins de la pierre, plus laids et plus hideux que les plus hideux magots chinois, sont accroupis quatre fakirs in naturalibus : un chœur de fidèles célèbre les louanges de la Divinité à grand renfort de hurlements, de roulements de tambours, d’éclats d’instruments de cuivre ; à la nuit, des torches de résine éclairent d’une sombre lueur cette scène vraiment diabolique, que le plus farouche pinceau serait inhabile à reproduire.

Des haines implacables divisent ces diverses sectes religieuses, et l’autorité anglaise doit exercer une incessante surveillance pour prévenir des rencontres que termineraient infailliblement de sanglantes catastrophes. Les dispositions les plus strictes sont donc prises pour qu’au jour de la grande solennité, les processions des ordres rivaux ne puissent arriver en même temps au ghaut sacré. En cas de collision toutefois, l’autorité anglaise, comme me l’a dit un de ses représentants, au lieu d’avoir recours immédiatement à la force des armes, se contenterait d’amener sur le théâtre de la lutte une douzaine d’éléphants, et les combattants, quel que fût leur acharnement, devraient bientôt céder la place devant une charge vigoureusement conduite de ces policemen redoutables et improvisés.

Le 12 avril, à six heures du matin, la procession des