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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/427

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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

baïragees devait quitter le quartier général de l’ordre pour se rendre au ghaut sacré. Les limites du camp, situées, comme je l’ai dit, sur le quai du canal du Gange, étaient gardées par une compagnie du régiment irrégulier des Goorkhas. La tournure martiale de ces soldats, tous hommes de la montagne, bien pris dans leur petite taille, me rappelle celle de nos voltigeurs basques. Ils portent l’uniforme vert foncé de la brigade des riffles, et en guise de sabre un coutelas qui dans leurs mains devient, dit-on, une arme terrible. Les dépositaires de l’autorité et leurs hôtes, tous montés sur des éléphants, ont pris place à portée de ce détachement sur une vaste place que la procession doit traverser. Une multitude immense est réunie en cet endroit, et ce n’est qu’avec mille efforts que des cavaliers irréguliers au turban vert, à la tunique écarlate, peuvent préserver contre les envahissements de la foule la place réservée au défilé des baïragees. À six heures précises, des éclats tumultueux s’élèvent dans la direction du camp des baïragees, les Goorkhas quittent la position d’observation qu’ils occupaient au travers du quai ; la procession vient se mettre en marche. En tête s’avancent une douzaine d’éléphants richement caparaçonnés, chargés de fakirs fort peu vêtus, qui soutiennent des étendards géants avec des hampes de plus de vingt pieds et des flammes de soie de couleurs tranchantes, grandes comme des voiles de navires. À vingt pas de cette avant-garde, un éléphant magnifique porte sur son dos, dans les flancs d’un panier d’argent, l’un des