Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/114

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Je ne me figurais un intérieur qu’avec un père et une mère qui se disputaient et se raccommodaient sur le derrière ensanglanté de leurs enfants. Je croyais qu’on ne pouvait être dans ses meubles que si l’on avait l’air chagrin, maître d’école, que si l’on paraissait s’ennuyer à mort, et si l’on avait des domestiques pour leur faire manger les restes et boire du vin aigre.

Chez Renoul on ne s’ennuie pas, on ne fouette personne — du moins je n’ai rien surpris de pareil — on ne se dispute pas, on ne fait pas boire des choses aigres aux domestiques. Il n’y a pas de domestiques, d’abord.

Ah ! le foyer paternel, le toit de nos pères !

Je ne connais qu’un toit, je ne connais qu’un père, mais je préfère n’être pas sous son toit et moudre le moka chez Renoul, entre une discussion sur 93 et une partie de colin-maillard !


Il faut lancer un journal.


Ce mot, un jour, a traversé l’espace.


« Allons, que faisons-nous donc ? (Nous moulions du café.) Nous n’avons donc rien là ! crie Matoussaint.

— Où ça ?

Là !… — Il frappe en même temps sur son cœur.

— Tu vas casser ta pipe !… Il faudrait peut-être aussi quelque chose ici. — Je tape sur mon gousset.

— Bourgeois, va ! »