JACQUES DELILLE
Né à Aigueperse, dans la Limagne, le 22 juin 1738, Jacques Delille était fils naturel d’Antoine Montanier, avocat au parlement de Clermont-Ferrand, lequel ne lui laissa en mourant qu’une pension viagère de cent écus. Elève du collège de Lisieux, il obtint, au concours général de l’Université, des succès qui, selon un de ses biographes, firent présager ceux qui l’attendaient dans une plus vaste carrière. Successivement professeur aux collèges de Beauvais et d’Amiens, il fut appelé à professer les humanités à celui de la Marche, à Paris. C’est là qu’après avoir préludé par quelques pièces fugitives, insérées dans l’Almanach des Muses et autres publications, il donna en 1769 sa traduction des Géorgiques de "Virgile, qui lui ouvrit les portes de l’Académie française (1774). Le poème des Jardins parut en 1782, avec un égal succès. Deux ans après, Delille accompagna le comte de Choiseul-Gouffier dans son ambassade à Constantinople. À son retour, il obtint la chaire de poésie latine au Collège de France. Ruiné par la Révolution, il s’en consola en faisant des vers sur la pauvreté. Suspect aux partis extrêmes et contraint de s’expatrier, il revint en France en 1801, rapportant d’exil la traduction de l’Enéide, les poèmes de L’Imagination, Les Trois Règnes, La Pitié et Le Paradis perdu, d’après Miltou. Admiré du public, chéri de ses intimes, il eut une vieillesse très entourée, ce qui lui permit de supporter diverses infirmités, entre autres la privation de la vue. Delille était lui-même aveugle lorsqu’il traduisait Milton. Il mourut à Paris le 1er mai 1813. On lui fit de mémorables funérailles. Longtemps le poète des Géorgiques passa pour le premier de nos versificateurs. Délaissé depuis la vogue romantique, il mérite une place dans l’histoire de notre poésie. Ecrivain du xviii{{e} siècle, ou a trop oublié qu’il fut en son temps une manière de précurseur. On affecte de l’ignorer, mais nous savons de jeunes poètes qui le lisent encore en cachette et qui lui doivent quelques-unes de leurs innovations. Beaucoup de nos auteurs ne sauraient, sans excès, se flatter de fournir une telle carrière ! Les œuvres de Jacques Delille ont été maintes fois imprimées. La meilleure édition est celle qui fut