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AUVERGNE

publiée sous la direction de feu M. Amar, par Michaud, en 1824 (16 vol. gr. in-8o). Il existe en outre un recueil de ses poèmes les plus connus, avec des notes de l’auteur, du Choiseul-Gouffier, Féletz, Aimé Martin, etc., Paris, Lefùvro, 1844, 2 vol. in-12.

Bibliographie.Biographie Didot. — L. Audiat, J. Delille : Paris, Savaéte, 1903, in-12. — Sainte-Beuve, Portr. Littér. — Cousin, Delilliana, etc., Paris, Davy, 1813, in-12. — P. Bonnefon, Souvenirs inéd. sur J. Delille par sa veuve : L’Amateur d’autogr., 15 mars-15 nov. 1904.



À LA LIMAGNE


Ô champs de la Limagne ! ò fortuné séjour !
Hélas ! j’y revolais après vingt ans d’absence :
À peine le mont d’Or, levant son front immense,
Dans un lointain obscur apparut à mes yeux,
Tout mon cœur tressaillit ; et la beauté des lieux,
Et les riches coteaux, et la plaine riante,
Mes yeux ne voyaient rien ; mon âme impatiente,
De rapides coursiers accusant la lenteur,
Appelait, implorait ce lieu cher à mon cœur :
Je le vis ; je sentis une joie inconnue :
J’allais, j’errais : partout où je portais la vue,
En foule s’élevaient des souvenirs charmants :
Voici l’arbre témoin de mes amusements ;
C’est ici que Zéphyr, de sa jalouse haleine,
Effaçait mes palais dessinés sur l’arène ;
C’est là que le caillou, lancé dans le ruisseau,
Glissait, sautait, glissait et sautait de nouveau ;
Un rien m’intéressait. Mais avec quelle ivresse
J’embrassais, je baignais de larmes de tendresse
Le vieillard qui jadis guida mes pas tremblants,
La femme dont le lait nourrit mes premiers ans,
Et le sage pasteur qui forma mon enfance !
Souvent je m’écriais : « Témoins de ma naissance
Témoins de mes beaux jours, de mes premiers désirs,
Beaux lieux, qu’avez-vous fait de mes premiers plaisirs ? »

(L’Homme des champs, IV.)