Par des sentiers poudreux ou des routes fangeuses,
Contemplant les sierras lointaines et neigeuses,
Et vibrants sous la joie immense du retour.
Par les grands steppes nus de la Castille plate,
Ils allaient sans jamais regarder l’occident,
Même à l’heure sublime où le soleil ardent
S’y noie, en une mer de pourpre et d’écarlate.
Car ce n’est pas là-bas qu’est la terre auvergnate,
C’est vers le nord ; là-haut, l’Auvergne les attend,
L’Auvergne !… À leur regard avide et persistant
Le vert frais et riant du doux pays éclate.
Eh ! que leur font Madrid, Burgos, Valladolid ?
Ils y passent sans même coucher dans un lit,
En chevauchant — des jours entiers sans voir un arbre,
Sous un soleil de feu — des montagnes de marbre.
Où l’aigle plane au fond d’un ciel d’azur et d’or.
Et toujours leur regard se tourne vers le nord.
Enfin, ils vont toucher la côte cantabrique.
Et voici les versants pyrénéens français…
Tout poudreux et tannés par le vent, harassés,
Ils ont, sous leur chapeau, des teints couleur de brique.
Mais un léger zéphyr venu de l’Atlantique
Leur apporte une odeur de France : c’est assez !
Oubliant la misère et les labeurs passés,
Ils s’enivrent, joyeux, du parfum balsamique.
Et, bien que n’étant pas, certes, de très grands clercs,
Ils ont de jolis mots, nos mots naïfs et clairs,
Pour exprimer leur sentiment en l’occurrence :
« C’est égal, dit l’un d’eux, je ne sais d’où ça vient,
« Mais il n’est nul pays dans le monde chrétien,
« Non, nul pays qui sente aussi bon que la France ! »
Or, un matin, le chef du groupe, un vieux barbu,
S’arrête : à l’horizon, dans le ciel doux et pâle,