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IX
INTRODUCTION

Aussi ont-ils été sans cesse l’objet de nombreux et savants travaux, parmi lesquels il faut compter l’admirable Atlas linguistique de la France publié par MM. Gilliéron et E. Edmont[1]. On a fait plus encore que d’en activer la connaissance. Un patient érudit a songé à les soumettre à une méthode nouvelle de classification. Le vénérable baron de Tourtoulon, connu par ses patientes recherches et ses travaux d’histoire locale, a donné, il y a quelques années, une délimitation des langues d’oc et d’oil dont on a dit qu’ils découlaient[2]. Nous nous con-

    interdira, mais, chez lui-même, Ménage trouvera à blämer des expressions normandes. Plus près de nous, V. Hugo a rapporté de Guernesey quelques mots, pieuvre, par exemple, et toute l’école réaliste, de G. Sand au Jacquous Le Croquant de M. Le Roy, a librement puisé dans le vocabulaire provincial. Sans le témoigmage des parlers locaux, ce serait là autant de points obscurs dans l’histoire de la langue littéraire elle-même. »

  1. Paris, Champion éditeur.
  2. Cf. Étude sur La limite géographique de la langue d’oc et de la langue d’oil, avec une carte, par M. Ch. de Tourtoulon et M. 0. Bringuier, Paris, Imprim. Nationale extr. des Archives des missions scientif et littér.), 1876, in-8o ; Des Dialectes, de leur Classification et de leur Délimitation géographique, etc., par Ch. de Tourtoulon, Paris, J. Maisonneuve, 1890, in-8o.

    « Voici, concluait M. Ch. de Tourtoulon dans une fouille locale, La Farandole, les résultats sommaires d’une série d’observations faites sur les lieux mèmes où les patois du Nord confinent aux patois du Midi, où la terre d’oïl finit et où la terre d’oc commence.

    « En partant de l’Ouest, la limite commune aux deux langues de la France suit le cours de la Gironde, depuis l’embouchure du fleuve jusqu’à six kilomètres en amont de Blaye. À ce point elle pénètre dans les terres et reste à peu près parallèle au cours de la Dordogne jusqu’à Libourne, dont elle effleure le territoire au nord ; puis elle remonte vers le nord-nord-est, dans la direction générale du chemin de fer de Bordeaux à Tours, se tenant à une distance de quelques kilomètres à l’est de cette ligne, dont elle se rapproche et s’éloigne tour à tour. Arrivé à la limite nord du département de la Charente, notre frontière linguistique tourne au nord-est, détache un coin des départements de la Vienne et de l’Indre, se dirige vers l’est entre l’Indre et la Creuse, coupe l’Allier au-dessus de la Palisse, remonte vers Mâcon, qu’elle laisse au pays d’oc, se prolonge jusqu’à une petite distance au sud de Vesoul ; la elle se recourbe sur Montbéliard et coupe la frontière française en s’avançant vers la ville suisse de Bienne, à la pointe du lac de ce nom.

    « La ligne que je viens de tracer est la plus septentrionale où l’on puisse faire remonter la langue d’oc. On comprend que la limite puisse varier suivant les caractères que l’on attribue à cette langue. Cependant, de l’embouchure de la Gironde jusqu’au-dessus d’Angoulême la différence des idiomes en contact est si tranchée que le doute n’est pas permis et que le partage peut être fait avec une précision