Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
X
INTRODUCTION

tenterons de renvoyer le lecteur à ce beau travail, qui a soulevé des polémiques sans nombre, ne désirant pas prendre part à une querelle qui a trop duré et pour laquelle nous nous sentons incompétent. Nous saisissons cette occasion pour déclarer qu’au cours du présent livre nous nous sommes gardé de prendre part à toute discussion entretenue par les poètes et les linguistes, préférant apporter des textes là où d’autres n’eussent donné que de stériles commentaires. Sans examiner les causes qui ont rendu inadmissible à quelques-uns la délimitation de nos dialectes, il est bon de faire observer que la manière d’étudier l’œuvre analogiquement avec le milieu où elle a pris naissance, est encore trop récente pour, imposer des lois définitives.

Tant d’agents ignorés peuvent intervenir dans la création d’une géographie littéraire, qu’on ne saurait s’attarder à une opinion ingénieusement émise, dût-elle flatter nos idées et nos convictions les plus chères. Ainsi la même méthode de classification des dialectes appliquée à la connaissance et au groupement des chansons populaires donnerait un résultat encore plus inattendu, déconcertant. En fait, il n’y a pas de chanson originaire d’un lieu unique[1], jaillie spontanément du sol, mais des

    mathématique, au point que l’on doit diviser des communes où se parle d’un côté un dialecte d’oïl, de l’autre un dialecte d’oc. Mais dans la partie nord-est du département de la Charente commence une zone mixte dont nous avons indiqué plus haut la limite supérieure. La limite inférieure, c’est-à-dire la ligne où disparaissent les derniers caractères d’oïl, part d’un point situé à 15 kilomètres environ au nord-est d’Angoulème, à l’extrémité supérieure de la forêt de la Braconne, se dirige vers le nord-est, laissant Confolens en pays d’oc, passe au-dessus de Bellac, contourne Guéret au sud, sépare le Puy-de-Dôme de l’Allier, touche par leur limite nord aux territoires de Roanne et de Lyon pour rejoindre la frontière à peu près au point où le Rhône pénètre en France.

    « On voit que plusieurs contrées du département de la Gironde sont de langue septentrionale, tandis que la langue du Midi occupe incontestablement une portion de la Charente. Si l’on considérait comme devant être rattachée au Nord la zone mixte dont j’ai parlé, les dialectes d’oc occuperaient encore une partie des départements de la Creuse, de la Loire et du Rhône ; mais si on rattachait au Midi cette sorte de marche linguistique, ils empiéteraient légèrement sur la Vienne et sur l’Indre, et d’une façon notable sur l’Allier, la Saône-et-Loire, le Jura, la Haute-Saône et le Doubs. »

  1. On consultera utilement à ce sujet le livre de George Doncieux :