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XI
INTRODUCTION

thèmes généraux sur lesquels l’imagination du peuple a brode d’infinies variations et qui se sont localisées (c’est le mot) en passant par telle ou telle contrée. On comprendra pourquoi, dans ce recueil des Poètes du terroir, notre goût s’est fixé sur les textes les moins répandus. S’il nous fallait dresser une carte de nos ressources intellectuelles, loin de correspondre à l’ancienne division provinciale vulgairement admise, elle en différerait autant que la carte des chemins de fer diffère de celle des montagnes et des fleuves.

Il y a de nombreux modes d’expression poétique ; par contre, les terroirs littéraires sont infiniment restreints. Nous n’en donnerons qu’une rudimentaire esquisse. Voici tout d’abord réunies en une seule et même contrée, noyau traditionnel de la langue nationale, l’Île-de-France, la Champagne proprement dite, le Maine, et tous les pays que baigne la Loire. Plus loin c’est la terre celtique : Bretagne et Auvergne ; ailleurs, l’îlot pittoresque de la Normandie, dont l’âme est pénétrée des mythes Scandinaves. Voici maintenant la Flandre et les campagnes picardes, ces dernières se rattachant avec l’Ardenne aux pays wallons. Le Centre intervient, conciliateur, pour limiter les territoires d’oïl et d’oc, large frontière flottante qui s’étend de la Saintonge maritime à la Bourgogne vineuse. Nous distinguons en outre la Franche-Comté et la Lorraine, avec leurs patois aux réminiscences de bas latin, terres indépendantes que leur isolement nous permet de grouper. Le Midi tient une place à part et réunit en une aspiration commune ces sœurs jalouses. Limousin, Guyenne, Gascogne, Languedoc, Savoie, Lyonnais, Dauphiné, comté de Foix, Roussillon, etc., et la Provence, au génie si fécond, qui les commande toutes. Certes, notre délimitation est incomplète ; c’est une brève énumération, sans plus. Nous y ajouterons le pays basque, petite terre enclavée entre l’Océan et le Béarn, où, mystérieux vestige, dit-on, de l’Atlantide, se parle une langue agglutinante, semblable à celle des peuples du pôle, expression linguistique, en tout

    Le Romancero populaire de la France, etc. ; Paris, Bouillon, 1904, in-8°.