Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
BÉARN

Ainsi Philis sur sa joue
Avait posé le vermillon.

Comme le soleil, elle était brillante,
Aussi tendre que la rosée.
Malheur qu’elle fût si belle
Ou que je fusse si amoureux.

Elle m’a banni de sa présence,
Je ne peux m’empêcher de l’aimer.
Contre l’amour que peut l’absence ?
Elle ne fait que l’augmenter.

Pasteurs, qui n’avez encore
Goûté que plaisirs et douceurs,
Gardez-vous surtout d’aimer beaucoup
Si longtemps vous voulez vivre heureux.

III

Au monde il n’y a pas de pasteur
Aussi malheureux que moi !
Jamais personne ne le croirait ;


Ataü qu’abé, sus la machère
Paüsat, Philis, lou bermilhou.

Coum lou sou clareyante qu’ère,
Tau medich tendre coum l’arrous.
Malaye qu’estousse ta bère,
Ou qué you houy tant amourous.

Que m’a bannit dé sa présence ;
Que nou’m pouch esta de l’ayma :
Countré l’amou que pot l’absence ?
Ere nou hè que l’aùmenta.

Pastourets, qui n’abèt encouère
Goustat que plasés et douçous,
Gouardat-pé surtout d’ayma hère.
Si loung-tems boulét bibe urous.

III

Aü moundo nou y a nad pastou
Ta malurous coum you !
Yamey arrés nat crédéré,