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BÉARN

Quand je monte vers le haut,
Vers le bas descend.

J’aime à rêver
Le long de ta rive,
Entendre murmurer
Ton eau vive ;
Sur ta voûte à essayer
Ma chanson plaintive.

En passant disons adieu
Au géant de pierre,
Pyramide que le bon Dieu
Couronna de lierre,
Quand il la dressa sur ta rive
Comme un coquillage.

Tais-toi, tais-toi, ruisseau ;
Dans le bosquet d’Ichante
J’entends le rossignol
Dont les accents m’enchantent.
Je retiens ma voix
D’amour quand il chante.

Vite je passe ton petit pont
Qui danse et tremble,
Au bruit des bonds
De l’eau qui coule.

Danse, danse, petit pont,
Sur l’air qui vole.

D’ici je te fais mes adieux,
Fuis vers la plaine ;
Sur la hauteur paraît Aydius,
Aydius qui m’appelle
Descendu comme l’avalanche, mourbiüs !
De quelque ardoisière.

Adieu, plaine de Bédous,
Grande route d’Espagne ;
A Aydiüs sont mes amours,
Gravissons la montagne.

Quoan you’m en baü tà capsus,
Capbat qué débare.

You qu’aymi de saüneya
Lou loung dé ta ribe ;
D’entené gourgouleya
Toun ayguotte bibe,
Sus ta boute dessaya
Ma cante plaintibe.
 
En passan, digam adiü
Au gigan de peyre,
Cascarét qué lou boun Diü
Courouna dé yéyre,
Quoan lou quilha sus ta riü
Coum ù courquilhèyre.

Caret, caret, rigoulèt ;
Peü bousquèt d’Ichante
Qu’enteni roussignoulét
Doun la bouts m’encante.
You bé’m coupi lou siület
D’amou quoan eth cante.

Leü passi toum poundiquét
Qui danse et tremoule
Au brut dé l’arricouquét
Dé l’aygue qui coule,