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LES POÈTES DU TERROIR


Voilà six francs, mon père,
Et faites bonne chère ;
Ne vous chagrinez pas tant, mère,
Si Guillaume vous quitte.

Je vous laisse, pour vous bien chauffer,
Un bon tas de bois,
De la farine pour faire du milla,
Et deux vaches pleines.

Et toi, ma belle Annou,
Sois-moi fidèle ;
Si tu trahissais ton berger
Tu serais bien cruelle.

Tu ne manqueras pas d’argent,
Ne sois pas en peine ;
Et tu auras en présent
Une croix avec chaine.

Mais je vois déjà briller
L’aurore d’un beau jour ;
Il esttemps de se mettre en chemia,
Que Dieu soit avec vous !

Venez, brebis et moutons,
Partons pour la plaine ;
Adieu, mes amours,
Adieu, ma cabane !



Tiét cheys liüres, lou mé pay,
Et hét boune bite ;
Qué nou’p chagrinét tan, may,
Si Guilhém pé quitte.

Qué’p léchi tà’p plà caüha
Bon sarrot dé legnes,
Harie tà’p hà milha,
Et dues baques pregnes.

Et tu, la mie bère Aunou,
Siés-mé fidele ;
Si tradibes toun pastou,
Bé serés cruelle.

Tu nou manqueras d’aryén
Nou sies en peiné ;
Et qu’aüras entà presèn
Ue crouts dab cadence.

Més qué bey deya lusy
L’essuit d’à bet die ;
Qu’ey tems dé’s mette en camy,
Dab bous qué Diü sie !

Sabiét, oülhes et moutous,
 Partim ta la plane ;
Adichat, las mies amous,
Adi, ma cabane !