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BÉARN

FRANCIS JAMMES

(1868)


Chantre émouvant du Béarn, M. Francis Jammes n’est point dans cette province, mais à Tournay, dans l’Astarac, aux confins du Bigorre, le 2 décembre 1868. Son grand-père maternel, Jean-Baptiste Jammes, était docteur en médecine à la Guadeloupe. Il mourut après avoir été ruiné par les tremblements de terre de la colonie. Le père de M. Francis Jammes naquit à Pointe-à-Pitre. Envoyé en France, chez des tantes, pour achever son éducation, il fit un court séjour à Tournay et devint receveur de l’enregistrement. Mort à Bordeaux, il est enterré à Orthez, où le poète n’a cessé depuis d’habiter avec sa mère. Pendant quelque temps, M. Francis Jammes occupa l’emploi de clerc de notaire dans une étude de cette dernière ville. « Celui qui rêvait, a-t-on dit, d’aller herboriser sous bois, près des sources fraiches, de courir avec ses chiens sur les bords du Gave, dut accepter l’atmosphère poudreuse des actes et des affiches et demeurer captif d’un morne bureau ! Il s’en consolait en composant ses premiers poèmes, qu’il enfermait en de minuscules cahiers, hors commerce, et portant ce titre : Vers. Le succès aidant, des recueils copieux prirent la place des minces opuscules, et en quelques années on vit paraître : De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir (Paris, Mercure de France, 1898, in-18) ; Le Deuil des Primevères (ibid., 1901, in-18) ; Le Triomphe de la Vie, Jean de Noarrieu, Existences (ibid., 1902, in-18) ; Clairières dans le ciel (ibid., 1907, in-18). Cette poésie naïve, hésitante, faite uniquement d’émotion et de maladresse, étonna d’abord, ravit ensuite. Le côté un peu gauche, un peu tremblotant de ces vers, ne laissa pas que d’émouvoir ceux que les complications exagérées du style poétique avaient déçus déjà par leur vacuité : « Mon cœur a parlé comme un enfant,… » écrivait, dés le début, Francis Jammes. On souriait. Mais de ce balbuticment, un peu puéril, un peu mièvre, une voix plus mâle allait se dégager, de plus beaux accents allaient naître. Dès le début de son recueil De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir, l’auteur pouvait dire : « Mon Dieu… j’ai parlé avec la voix que vous m’avez donnée. J’ai écrit avec les mots que vous avez enseignés à ma mère et à mon père qui me les ont transmis… » Rien