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BÉARN

Les grillons crièrent. Alleluiaî
Dans la nuit bleue luirent les lilas.

Un soir béni et doux, Alléluia
on entendit tout à coup ces lilas
interpeller lentement les étoiles.
C’était, c’était, c’était, Alléluia,
le rossignol, la lune ruissela,
le rossignol en fleurs. Alléluia !

Renais, nature ! Oh ! Dans le jardin, vois
le merisier tout blanc. Alléluia !
Le cœur éclate. On songe à ce qu’il y a
de lisse et blanc et rond, Alléluia,
dans la beauté de celle qui pour moi,
nue comme l’eau, jaillit et se courba.

La nature est, lorsque vient ce beau mois,
pareille à celle qui vint auprès de moi
et qui, d’un geste assuré, enleva
sa chemise qui glissa sur la soie
de ses beaux seins gonflés, luisants et droits.
En la voyant que j’eus peur de ma joie !


chanson

Si l’aconit est bleu
comme tes yeux ;
si la cascade est vive
comme ton rire ;

si tes jambes sont lisses
comme les buis ;
si tes cheveux sont comme
les toits de chaume ;

si ta gorge est pareille
à ce soleil
qui réchauffe le marbre
où dort un pâtre :

Pourquoi ne vas-tu pas
à la montagne
qu’étourdit, le matin,
l’odeur du thym ?