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LES POÈTES DU TERROIR

le solitaire-né de cette solitude, destiné à glorifier et à expliquer tout ce qui l’entourait, à porter la parole pour les humbles et les silencieux, pour les ètres rencontrés, silhouettes des champs et des routes, pour les animaux aux yeux expressifs pour les végétaux fragiles, pour les lourdes pierres, pour le nuages fugitifs. Cette affinité particulière, c’est le caractère esentiel de la poésie et de la musique de Maurice Rollinat… De sa maison bâtie entre les deux Creuses, maison toute base, juchée haut, il avait sa fenètre ouverte sur l’etendue. Tout ce qui se passait sur la route, chaque bruit qui venait des champs, chaque état du ciel, était un événement pour le sensitif désireux de l’isolement possible et des infinies occupations de la vie agreste… Rollinat, avec la nature la plus fine, était avant tout un rustique imprégné de toutes les influences de force et de douceur de la campagne, des musiques de l’air et de l’eau, des aromes de la terre et des végétaux. Quand il promettait, aux premiers jours de sa jeunesse, en publiant ses vers de début, d’avoir son cabinet d’études « dans les clairières des forêts », lui-même ne savait pas avoir si complètement raison et fournir si exactement le pronostic de son existence future… »

Bibliographie. — Ad. Brisson, Portraits intimes ; Paris, Colin, 1900, in-18. — La Revue du Berry, à Maurice Rollinat, numéro spécial ill. (Chateauroux, A. Mellotée, 1904, in-4o). Articles et documents de Maurice Dauray, J.-Pierre, J. Barbey d’Aurevilly, Albert Decourteix, Hugues Lapaire, Alb. Chantrier, Alb. Léger, A. Ponroy, Gustave Geffroy, Eugène Hubert, etc. — Dr Grillety : Souvenirs sur Rollinat, etc. ; Mâcon, imprim. Protat, 1908, in-16.


LES GARDEUSES DE BOUCS

Près d’un champ de folles avoines
Où, plus rouges que des pivoines,
Ondulent au zéphyr de grands coquelicots,
Elles gardent leurs boucs barbus comme des moines,
Et noirs comme des moricauds.

L’une tricote et l’autre file.
Là-bas le rocher se profile
Noirâtre et gigantesque entre les vieux donjons,
Et la mare vitreuse où nage l’hydrophile
Reluit dans un cadre de joncs.