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BERRY


« Mais c’est pas tout encor ; dans l’air de la chanson
I v’laient d’la même tristesse ayant toujou l’mêm’ son,
A cell’ du vent et d’l’arb’toujou ben accordée.
Mais d’la gaieté ? jamais i’ n’en voulur’ un brin !

« Ca tombait bon pour moi qui chantais mon chagrin.
Y a donc des animaux qu’ont du choix dans l’idée
Et qu’ont l’naturel trist’puisque, jamais joyeux,
Dans la couleur des bruits c’est l’noir qu’i’s’aim’le mieux.

(Paysages et Paysans.)


LE CHAT-HUANT

Dans un gros chêne court qui pèle et se prosterne,
Le bon vieux chat-huant, tout le jour assoupi,
Spectral et ténébreux, reste roide accroupi,
Parfois de ses yeux ronds éclairant sa caverne.

En ce creux où le ver avec la mouche alterne,
Dur d’oreille il n’entend ni le chien qui glapit.
Ni le pivert criard qui cogne et déguerpit.
Il goûte la paix close et le silence interne.

À l’aube et vers le soir dont il flaire l’instant,
Il quitte son tronc d’arbre et cherche en voletant
La grenouille verdâtre et le mulot gris sombre.

Le sybarite oiseau, qui veut longtemps vieillir.
Ne quitte son repos que pour aller cueillir
Tout le frais du matin, toute la fleur de l’ombre.