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LES POÈTES DU TERROIR

Que vous estes descendu hoir
D’une tant excellent maison,
Que l’on ne scauroit concevoir
Au contraire aucune raison.

Tant bénins voz prédécesseurs
Ont esté (et vous en tenez)
Que chascun de vos serviteurs
A tousjours vous entretenez.
Et quant sont vieils, vous les tenez,
Apres que de servir sont las.
Bien peuz et très bien assignez.
Près Moulins, à Sainct-Nicolas.

Servy vous eust très voulentiers
Piéça de toute sa puissance ;
Mais trouver n’a sceu les sentiers,
Qu’ayez eu de luy congnoissance ;
Doubtants, pour ce qu’il n’a science
Où vous doyez prendre achoison,
Qu’on apperceust son ignorance,
Véez là la première raison.

Le pays, quant au second point,
Est le plus plaisant que je voye :
Villes et chasteaulx bien empoinct,
Où l’on démène tousjours joye ;
La belle forest de Tronsoye[1],
Bon aer, peuple doulx et humain,
S’il y a faulte de monnoye,
N’en forge-[t]on à Sainct-Pourcain ?

Il est garny d’estangs, de bois,
Vins, bleds chair, poisson à planté,
Une grand pièce de la croix[2]
Plus qu’en toute chrestienté ;
Les beaulx bains chaulx pour la santé[3],
Saffran et fruict de toutes sortes
Qui d’espices a voulenté
En voist quérir à Aigues-Mortes.

  1. Aujourd’hui de Tronsaye (Allier).
  2. Reliquo conservée dans la sainte Chapelle, à Bourbon-l’Archambault.
  3. Vichy, Bourbon, Néris.