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BOURGOGNE


Archediacres et chantres et chanoines,
Soyent réguliers ou soyent irreguliers,
Prestres, cloistriers, moynes noirs et blancz moines.
Les jacobins avec les cordeliers,
Priez pour moy et dictes vos psaultiers.
Je vous en prie comme il appartient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

A dieu, ma sœur et ma chiere compaigne.
Or entendez à ce que je vous mande,
Je vous supply pour Dieu qu’il vous souviengne
De noz enfans, je les vous recommande ;
Autre chose certes ne vous demande
Priez pour moy se le cas y advient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

Gens de conseil vers lesquels je souloye
Moy conseiller, a dieu je vous vueil dire.
Je pers le sens et le bien que j’avoye
Auprès de vous tant ay de deuil et d’ire.
Si je me meurs, Dieu me vueille conduire,
Je sens trop bien le mal qui me survient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

A dieu, nobles, et les bourgeois aussi,
A dieu, a dieu, drapiers et espiciers,
A dieu, marchans, mourir me fault icy.
A dieu, a dieu, massons et charpentiers,
Car massonner faisoye voulentiers,
Mais fortune a ce coup me retient.
A dieu vou dy, se mourir me convient.

A dieu vous dy, toutes gens de mestier,
Aussi faiz-je à ceulx de labourage,
A ceste fois j’ay de vous tous mestier,
Trouvé me suis en douloureux servage,
Courroux me fait nuyt et jour grant oultrage,
Je sens trop bien la mort qui a moy vient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

A dieu vous dy a tous les habitans
Qui sont Aucerre et dedans Yezelay,
Aymez vous ay et servys tout mon temps.
Mais je voy bien que plus n’ay de delay,