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LES POÈTES DU TERROIR

Bibliographie. — Charles Nodier, Bonaventure des Périers ; Paris, Tecliener, 1841, in-12. — Abbé Goujet, Bibliothèque française, t. XII, p. 88. — P.-S. Jacob, Notice sur Bonaventure des Périers ; édit. des Nouvelles Récréations et joyeux devis, Paris, Delahays, 1862, in-12.



À JANE, PRINCESSE DE NAVARRE

Un jour de may, que l’aube retournée
Refraichissoit la claire matinée
D’un vent tant doulx, lequel sembloit semondre
A prendre l’heure, ains que se laisser fondre
A la chaleur du Soleil advenir,
Je me levay, à fin de prévenir,
Et veoir le poinct du temps plus acceptable
Qui soit au jour de l’Esté délectable.

Pour donc un peu recreer mes Espritz,
Au grand verger, tout le long du pourpris,
Me pourmenois par l’herbe fresche et drue,
Là où je vis la rose espandue.
Et sur les choulx ses rondelettes gouttes
Courir, couler, pour s’entrebaiser toutes ;
Puis tout soudain devenir grosselettes
De l’eau tombée à primes goutelettes
Du Ciel serein : là vis semblablement
Un beau laurier accoustré noblement
Par Art subtil, non vulgaire ou commun,
Et le rosier de Maistre Jean de Meun,
Ayant sur soy mainte perle assortie.
Dont la valeur devoit estre amortie
Au premier ray du chauld soleil soleil levant.
Qui jà taschoit à se mettre en avant.

Le Rossignol (ainsi qu’une buccine)
Par son doulx chant faisoit au Rosier signe,
Que ses Bouttons à rosée il ouvrist,
Et tous ses biens au beau jour descouvrist.
L’aube duquel avoit couleur vermeille,
Et vous estoit aux Roses tant pareille,
Qu’eussiez doubté si la Belle prenoit