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LES POÈTES DU TERROIR

p. 364. — Guillaume Colletet, Vie de Tabourot ; édit. des Bigarrures de 1866, t. Ier. — Durandeau, La Renaissance littéraire en Bourgogne, Est. Tabourot ; Réveil bourguignon, 20 juill. 1907 et fasc. suiv.



LA GADROUILLETTE

Ores, j’ay choisi pour maistresse
Une belle demy déesse,
Petite nymphette des champs ;
Je crois que c’est la plus gentille,
Gracieuse et honneste fille,
Que j’ay point veu depuis dix ans.

Heureuse donc soit la fortune
Qui m’a esté tant opportune,
De m’adresser en si beau lieu,
Heureuse la première place
Qui me fit voir sa bonne grâce,
Et sa beauté digne d’un dieu !

J’ayme bien mieux aymer icelle
Que quelque brave demoiselle,
Laquelle pourra, pour son mieux,
Choisir quelque autre plus habile ;
De moy, je ne veux qu’une fille
Qui soit agréable à mes yeux.

J’ayme mieux la voir à la feste,
Quand elle porte sur sa teste
Voletant son beau couvre-chef,
Que de voir une autre coiffure,
Toute de soye et de dorure,
Mise dessus un autre chef.

J’ayme mieux voir sa chevelure
Pleine du tout, sans crespelure,
Flottant en ondes librement,
Qu’une perruque saffranée,
D’un fil d’archal recordonnée,
Comme on fait curieusement,

J’ayme mieux voir sa collerette,
D’une toile rousse clairette,