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BOURGOGNE

AIMÉ PIRON

(1640-1727)




Né le 1er octobre 1640, à Dijon, où il exerça la profession d’apothicaire, Aimé Piron y mourut le 9 décembre 1727.

« Son fils Alexis a dit de lui et de sa mère que « c’étaient de ces bons Gaulois, de ces bonnes âmes devenues aussi rares que ridicules, cent fois plus occupées de leur salut que de tout ce qui s’appelle ici-bas gloire et fortune… » On peut être surpris de cette assertion quand on songe au caractère naturellement enjoué d’Aimé Piron ; mais le bonhomme devint rude et morose en prenant des années. Plus jeune, il avait fait dans le patois bourguignon un grand nombre de poésies, de chansons, de Noëls ; mais c’est surtout à ces derniers, qui pendant trente ans parurent périodiquement, qu’il doit sa popularité ; et sous ce rapport il peut être mis en balance avec son compatriote la Monnoye. Celui-ci a plus d’érudition, d’art et de goût ; Aimé Piron plus de naïveté, de rondeur, de bonhomie. Au surplus, la Monnoye sert ses propres intérêts avant tout et cherche à s’assurer les bonnes grâces des grands ; Aimé Piron, au contraire, s’inspire des souffrances du pauvre peuple dont il plaide la cause et qu’il détend contre la rigueur des impôts et les excès des maltôtiers. Cette différence d’inclination ne les empêcha pas toutefois d’être unis par une amitié étroite, qui les prit au berceau, si l’on peut dire (ils étaient nés à un an d’intervalle), et qui dura toute leur vie (ils moururent l’un et l’autre à quatrevingt-sept ans) ; du reste, c’est aux conseils et à l’exemple de Piron que la Monnoye dut de se livrer à la composition de ses Noëls. « Pendant de longues années, les princes des la maison de Condé furent gouverneurs de la Bourgogne ; et lorsqu’ils allaient visiter cette contrée, Aimé Piron, en sa qualité d’échevin, était admis à leur table : il les complimentait sur leur bienvenue, les égayait, et célébrait en vers populaires les fêtes auxquelles les nobles hôtes donnaient lieu[1]… »

Qu’ajouter à ces lignes ? Piron composa aussi quelques poésies latines et françaises, dont il ne tira qu’un médiocre succès.

  1. Honoré Bonhomme, Les Quatre Piron.