ALPHONSE DE LAMARTINE
On ne s’attend pas à trouver ici une notice sur le grand poète des Méditations et de tant de pages où l’exaltation du berceau tient une large place. On l’a dit, « Lamartine a devancé toutes les biographies qu’on pourrait faire de lui par celle qu’il à esquissée lui-même : d’abord dans Raphaël, pages de la vingtiéme année, puis dans les Confidences, et enfin dans les Notes qu’il a jointes à ses Méditations pour nous dire, émotion par émotion, comment elles lui furent inspirées. » Les menus faits de son existence la plus intime nous sont connus grâce aux travaux récents de notre confrère et ami M. Léon Séché. Il naquit à MÂcon le 21 oct. 1790 et mourut le 21 mars 1869. La politique — une politique où il mit toutes ses convictions et celles de ses ancètres — et la poésie se partagerent tour à tour sa vie ; mais, à travers les orages qu’il éprouva, il ne cessa de se souvenir des lieux où il passa sa tendre enfance, où il grandit entre une mère pieuse et dévouée et un père noblement attaché aux traditions de sa race. Toute son œuvre en est imprégnée, et ce n’est pas trop dire que la maison où il ouvrit les yeux, la campagne où il sentit vibrer les premiers accents de sa lyre, les grands bois du château familial où se forma son imagination rèveuse, lui inspirérent ses chants les plus émouvants. Mieux encore, c’est vers Milly qu’il tourna les yeux aux heures de détresse. C’est à Milly ou à Saint-Point qu’il emprunta ses plus puissants thèmes d’inspiration et, dans la solitude, écrivit ses admirables poèmes des Harmonies, des Méditations et jusqu’au Chant du sacre.
« Victor Hugo, écrit M. Léon Séché, travaillait surtout à sa table et la plume à la main. C’est en marchant que travaillait ordinairement Lamartine : il y parait à ses albums, où presque toutes les pièces de vers sont écrites au crayon, sans ordre et souvent sans suite. Il me semble le voir d’ici. Il est parti des le matin à travers champs, avec ses chiens qui sautent devant lui et qu’il ramène de loin d’un coup de sifflet. Le soleil monte à l’horizon, les oiseaux chantent ; tout en marchant il les écoute. Au bout de quelque temps, il s’arrète, il s’assied au pied d’un chène, il ouvre son album, et d’un crayon rapide il fixe la stro-