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LES POÈTES DU TERROIR

Le chien avait enfilé une venelle, devant les pertuisanes du guet enrouillé par la pluie et morfondu par la bise.

Et le grillon s’était endormi, dès que la dernière bluette avait éteint sa dernière lueur dans la cendre de la cheminée.

Et moi, il me semblait, tant la fièvre est incohérente, — que la lune, grimant sa face, me tirait la langue comme un pendu !


MA CHAUMIÈRE


En automne, les grives viendraient s’y reposer, attirées par les baies au rouge vif du sorbier des oiseleurs.
(Le baron R. Monthermé.)


Levant ensuite les yeux, la bonne vieille vit comme la bise tourmentait les arbres et dissipait les traces des corneilles qui sautaient sur la neige autour de la grange.
(Le poète allemand Voss, Idylle XIII.)


Ma chaumière aurait, l’été, la feuillée des bois pour parasol, et l’automne, pour jardin, au bord de la fenêtre, quelque mousse qui enchâsse les perles de la pluie, et quelque giroflée qui fleure l’amande.

Mais l’hiver, quel plaisir ! quand le matin aurait secoué ses bouquets de givre sur mes vitres gelées, d’apercevoir bien loin, à la lisière de la forêt, un voyageur qui va toujours s’amoindrissant, lui et sa monture, dans la neige et la brume.

Quel plaisir ! le soir, de feuilleter sous le manteau de la cheminée, flambante et parfumée d’une bourrée de genièvre, les preux et les moines des chroniques, si merveilleusement portraits qu’ils semblent, les uns jouter, les autres prier encore.

Et quel plaisir ! la nuit, à l’heure douteuse et pâle qui précède le point du jour, d’entendre mon coq s’égosiller dans le gelinier et le coq d’une ferme lui répondre fai-