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LES POÈTES DU TERROIR

GABRIEL VICAIRE

(1848-1900)


Poète de la Bresse et de la Bretagne, Louis-Gabriel-Charles Vicaire naquit le 25 janvier 1848, à Belfort, où son père, Alphonse Vicaire, était receveur de l’enregistrement et des domaines. Circonstance fortuite, a-t-on dit, car les siens étaient originaires de cette partie de la Bourgogne qui a formé le département de l’Ain. Il fit ses études à Bourg et commença son droit à Paris. La guerre survenant, il fut incorporé dans les mobiles de Saône-et-Loire. Reçu licencié en droit, après l’invasion, il se fit inscrire au barreau de Paris ; mais il plaida peu, préférant « la conquête du vert laurier » à l’exercice de la chicane. Il vécut dès lors en toute indépendance, « habitant tour à tour place de l’Observatoire, puis rue Madame, 9, rue Racine, 16, rue de Vaugirard, 63, rue de Grenelle, et en dernier lieu, 26, rue Denfert-Rochereau. Il ne quitta ce dernier domicile que pour se rendre dans la maison de santé du docteur Comar, où il devait trouver la mort après une longue et douloureuse agonie de dix-sept mois[1], » le 23 septembre 1900. « Il se rendait souvent à Ambérieu, où habitaient ses proches, à Mâcon, auprès de son cousin M. Lespinasse, notaire, quelquefois en Suisse, et enfin, dans les dernières années, sur les côtes de Bretagne. » Il n’avait d’ailleurs point oublié la Bourgogne, et ses meilleurs souvenirs étaient pour ce petit pays bressan qu’il a rendu à jamais célèbre dans le domaine des lettres.

La destinée de Gabriel Vicaire a été courte, mais bien remplie ; en moins de quinze années il a produit une œuvre variée et durable et d’une unité parfaite. Depuis son livre de début. Les Emaux bressans (Paris, Charpentier et Fasquelle, 1884, in-18)[2] où il montra d’un seul coup toutes ses ressources d’originalité, jusqu’à ses recueils posthumes il n’a cessé d’être « lui-même » sans jamais se répéter. Son amour pour le pays natal, « cette recherche non affectée qu’il mettait à ressusciter la muse du peuple et à chanter les vieux airs » dont on avait bercé son enfance, déborde de tous ses livres. Il avait, en effet, selon l’expression d’un de ses commentateurs, des chansons populaires

  1. Henri Corbel, Un Poète : Gabriel Vicaire.
  2. Nouvelle édition, Paris, libr. H. Leclerc, 1904, in-16.