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BRETAGNE

Tu périras à la fin,
Si tu ne romps pas les chaînes
Que tu caches dans ton sein.

Tout est en réjouissance :
Monsieur est au cabaret,
Mademoiselle à la danse,
Et Madame au lansquenet :
Un chacun fait sa bombance,
Et sans croire avoir mal fait…

Que de femmes malheureuses
Sous leur mine de gaîté !
Que de filles scandaleuses
Sous leur air de sainteté !
Que de tètes orgueilleuses
Sous un habit emprunté !

Que voit-on en tes églises ?
Souvent des badins, des chiens,
Des causeuses des mieux mises,
Des libertins, des païens,
Qui tiennent là leurs assises,
Parmi très peu de chrétiens.

Tu réponds à qui t’aborde
Pour démontrer ton erreur :
Dieu fera miséricorde,
Il est bon, n’ayons pas peur ;
Quand on le veut, il l’accorde,
Et puis tout homme est pécheur !

Adieu, Rennes, Rennes, Rennes,
On déplore ton malheur.

(Recueil de cantiques spirituels ; 1790.)