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LES POÈTES DU TERROIR

II

N’avez-vous pas, ami, vers l’aube de vos jours,
Quelques jours plus aimés ? On n’en sait pas la cause,
On y revient sans cesse et l’âme s’y repose,
En quelque lieu qu’on soit, on y revient toujours.

C’est une heure où le vent soufflait aux alentours,
Mélodieusement et parfumé de rose,
Ou quelque soir funèbre, où l’on fit une pause,
Vers l’humide Toussaint, aux pieds des vieilles tours.

Ce sera moins encore ! une pierre jetée
Sous le soleil pascal à la mer argentée,
Un mot que l’on vous dit sur l’antique palier.

La maison d’une tante en quelque bourg rustique,
Et les serins chantant près du livre gothique,
Où l’aïeule enseignait à lire à l’écolier.


L’ANSE DE VAUVERT


Des sables d’un blond d’or où l’enfant vient joyeux
Jouer tout en gardant ses brebis sur la côte,
Un nid de gabelou sur une butte haute,
Arrondie, et d’aspect vraiment délicieux.

Des joncs marins d’un gris à charmer tous les yeux
Festonnent l’ourlet blond de la dune, où va l’hôte
Du manoir isolé méditer, car les cieux
Lui parlent dans la brise, et le poisson qui saute

Sur les flots de cristal. — Des herbes d’un beau vert
Tranchant au bord avec les sables de Vauvert
Blancs et purs. — Tout auprès un château d’armes tombe

Un manoir ceint de bois est devant ; et, pensif,
Le marinier salue en guidant son esquif
La maison du poète et le fort qui surplombe.

(La Thébaïde des grèves, 1838.)