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BRETAGNE

BRIZEUX

(1803-1858)


Brizeux, a-t-on écrit, ne s’est pas seulement révélé comme le chantre le plus profondément humain de la Bretagne : il a enrichi la littérature française d’un mode d’expression nouveau : la poésie intime, familière, basée sur l’amour du sol et du foyer, et dans ce genre qu’il a créé, où la foule des rimeurs l’a sans cesse suivi, il est resté le maître incontesté. Aussi bien sa biographie peut-elle se résumer on quelques mots, la postérité s’embarrassant assez peu des témoignages d’une existence obscure, vouée uniquement à l’exaltation de la race et du terroir. Longtemps avant Mistral, avec des ressources infiniment plus restreintes, mais en une langue qui n’a cessé d’être celle de nos chefs-d’œuvre, il a décrit les paysages et les mœurs et restitué la légende du pays d’Armor.

Julien-Auguste-Pélage Brizeux naquit à Lorient le 26 fructidor an XI (12 septembre 1803). Il était fils de Pélage-Julien Brizeux, chirurgien de la marine, et de Françoise-Souveraine Hoguet. Son nom, qui, avec la simple variante d’une lettre, Briseuk, signifie breton en langue celte, le prédestinait aux inspirations de la muse provinciale. Les siens étaient originaires d’Irlande, de cette « verte Erin » qu’il a maintes fois associée à ses chants. Les Brizeux venus en France après la révolution de 1688, lorsque Guillaume d’Orange eut détrôné Jacques II, s’étaiant établis au bord de l’Ellé, à l’extrémité de la Cornouaille. « La mer, la lande, les souvenirs de la patrie des ancêtres, furent pour l’enfant les premières sources d’impressions, de ces impressions qu’une âme naïve recueille saus les comprendre, qui s’y endorment et paraissent s’y éteindre, puis, un jour, se réveillent tout à coup, pleines de fraîcheur et d’énergie[1]. » Après avoir fait d’excellentes études aux collèges de Vannes et d’Arras, il fut clerc d’avoué, commença son droit à Paris, partit pour l’Italie et finalement vint se fixer à Montpellier, où il mourut d’une affection de poitrine, le 3 mai 1858.

La maison où il termina ses jours était située près du Peyrou,

  1. Saint-René Taillandier, Notice sur Brizeux, édit. des œuvres du poète, 1860.