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LES POÈTES DU TERROIR

L’espalier où la pêche,
Exposée au midi,
Se conserve si fraîche
Sur le mur attiédi ;

Le noyer dont Ovide
Parle, et que le passant
Frappe, toujours avide,
Du silex impuissant.

À deux pas la châtaigne
Qu’Horace aussi cueillait,
Et que nul ne dédaigne,
Mêlée avec le lait.

Vers le soir taciturne,
Le tic tac du moulin,
Ou la chanson nocturne
Des fileuses de lin.

L’écho que l’on réveille,
Ce poète endormi,
Qui renvoie à l’oreille
La rime au son ami.
 
Le village où ma mère,
Fidèle au chaume obscur,
À toute peine amère
Portait un baume sur.

C’est là que, loin du monde,
Sans craindre de vieillir,
Dans une paix profonde,
J’aime à me recueillir.
 
Aucun bruit de la ville,
Bruit stérile toujours !
Sous une ombre tranquille
Laissant dormir mes jours,
 
J’écoute, solitaire,
Un bruit plus solennel,
Celui que fait la terre
Sur son axe éternel.

(Dernières Poésies.)