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BRETAGNE


moyens que ses prédécesseurs. Il opposa la ruse à la force ; il feignit de se soumettre à la domination étrangère, et cette tactique lui roussit pour arrêter un ennemi dix fois supérieur en nombre. L’empereur Charles, dit le Chauve, fut pris à ses démonstrations d’obéissance. Il ne devinait pas que le chef breton, comme tous les hommes politiques d’un génie supérieur, savait attendre. Quand vint le moment d’agir, Noménoé jeta le masque ; il chassa les Franks au delà des rivières de l’Oust et de la Vilaine, recula jusqu’au Poitou les frontières de la Bretagne, et, enlevant à l’ennemi les villes de Nantes et de Rennes, qui, depuis, n’ont jamais cessé de faire partie du territoire breton, il délivra ses compatriotes du tribut qu’ils payaient aux Franks (841).

« Une pièce de poésie remarquablement belle, dit Augustin Thierry, et remplie de détails de mœurs d’époque très ancienne, raconte l’événement qui détermina ce grand acte d’indépendance. » Selon l’illustre historien français, « c’est une peinture énergiquement symbolique de l’inaction prolongée du prince patriote et de son brusque réveil, quand il jugea que le moment était venu. » (Dix Ans d’études historiques, 6e édit., p. 515.)

I

L’herbe d’or[1] est fauchée ; il a bruiné tout à coup.
— Bataille ! —

— Il bruine, disait le grand chef de famille du somme des montagnes d’Arez ;
— Bataille ! —


DROUK-KINNIG NEUMENOIOU
ieskerne
I

Ann aour ieoten a zo falc’het ;
Brumenni raktal en deuz gret.
— Argad ! —

— Brumenni ra, a lavare
Ann ozac’h-meur, euz lein Are ;
— Argad ! —

  1. L’herbe d’or, ou le sélage, ne peut être, dit-on, atteinte par le fer sans que le ciel se voile el qu’il arrive un grand malheur.