Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/477

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
455
BRETAGNE

Mais pour vous ouvrir sa famille,
Le beau Comte a le sang trop pur.

Dans l’alcôve aux rideaux de moire
Où l’amour vous a fait un nid,
Au pied d’un Crucifix d’ivoire
S’accrochait un rameau bénit ;

Je ne vois plus rien qui rappelle
La foi de Jésus en ce lieu !
L’amour n’est pas heureux, ma belle,
Quand il craint le regard de Dieu.



Où court Yvonne Ann Dû si vite ?
Il fait froid, il est encor nuit…
Ne dirait-on pas qu’elle évite
Le vieux Kemener qui la suit ?

Vous partez bien vite, coquette !
Est-ce prudence ou repentir ?
Ne niez pas, le tailleur guette ;
Il vous vit entrer et sortir.

Là-haut brille encor la lumière ;
On vous prit au piège tendu,
Et vous n’êtes pas la première
Ni la dernière, Yvonne Ann Dû.

Y’vonne Ann Dû, tant pis pour celles
Qui se mirent aux beaux habits
Et vont faire les demoiselles
Dans la chambre haute ! Tant pis !

Si votre mère est morte, Yvonne,
Vous avez un père, une sœur,
Et vous ne tromperez personne,
Pas même votre confesseur.

Que dira-t-on dans la contrée ?
Tout se sait, et cela se doit ;
Vous y serez partout montrée,
Yvonne Ann Dû, montrée au doigt.

Jeanne Madec au même leurre,
L’an passé, se prit comme vous,