Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
ALSACE

Et les villages, que le clair soleil pénètre,
Entrouvrent, paresseux, les yeux de leurs fenêtres.
Des coqs. L’Angélus tinte.

La forêt verte, de ses sombres plis, enserre
Les flancs rudes de la montagne légendaire :
Sainte-Odile.


PETITS POÈMES
I

Sur cette place, où tes pas ont sonné, Roi Soleil,
Que mes ancêtres accueillirent joyeusement,
Avec des feux d’artifice sur l’eau, et le déploiement
Des drapeaux, au soleil ;

Sur cette place, où les dames de la cour,
En robes de satin, en talons hauts,
Etalèrent leurs pompeux atours,
Quand Marie Leczinska vint à Strasbourg ;

Sur cette place, où maintenant les enfants jouent
Au cerceau, à la toupie, en avril,
Le printemps a mis tant de grâce fragile
Que c’est lui seul que je loue.


II

Sur l’eau morte, où les pieds de la forêt baignaient,
Sur ce pays d’étangs, de vergers, de hêtraies,
La brume de printemps flottait comme une écharpe.

Tout était morne et doux. Vers la lisière bleue
Des bois, un vieux pêcheur relevait ses verveux,
Et dans l’ombre luisait le bond preste des carpes.

Ô villages ! blottis au creux des vallons roux !
Je songe à Fiesole, située comme vous.
Mais qui est un bouquet entre des seins de femme…

III


Taïaut ! La neige claire
Marque les pistes, au bois ;