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LES POÈTES DU TERROIR

Je songe que mon grand-père
Etait louvetier du Roy.

L’appel clair de cors de chasse,
L’aboi bref des chiens courants,
Eveille toute ma race,
Au fond de mon cœur violent.

Mêlés aux bises amères,
Dans les forêts familières,
J’entends d’anciens hallalis,

Et dans les notes des cors,
La plainte affreuse, inouïe,
Des loups traqués, stagne encor.


IV

Nous aimions l’or de la campagne
Et les bûcherons qui passaient,
Traînant les rois de la montagne.
Le long des routes en lacets.
Mais lorsque le bruit des cognées
Retentissait par la vallée,
Ta nostalgie bondissait
Vers les taillis impénétrables,
Vers la hètraie, vers les érables,
Où jadis la chasse sonnait.
Maintenant que de la montagne
Le soir descend, vide et serein,
Nos rêves tristes accompagnent
L’écho des cors dans le lointain.

(Les Accords.)