« Marivonnik, étes-vous belle !
Que votre corsage est joli,
Et, dessus, quelle ribambelle
De boutons en cuivre poli !
« Oh ! les gentils oiseaux à huppe
Brodés sur votre tablier !
Quel drapier vendit votre jupe ?
Votre croix, quel joaillier !
« Petite, vous voilà superbe,
Et vos sabots de bois sculpté
Doivent à peine froisser l’herbe,
Tant ils ont de légèreté !
« Pourquoi vous hâter vers la roule
Sans flâner parmi les épis ?
Ô Marivonnik, je m’en doute,
À vous voir en ces beaux habits :
« Vous allez suivre la bannière
Et chanter la messe au Pardon
De quelque vierge printanière
Patronne de votre canton ;
« À la sainte, martyre et vierge,
Et de son sexe l’ornement,
Vous allez apporter un cierge
Et la prier dévotement
« De garder le bleu de turquoise
À vos yeux plus bleus que l’azur,
Et la couleur d’une framboise
À voire bouche au dessin pur ;
« De conserver pour les noisettes
Vos dents de perle et de granit,
Et d’élargir les deux fossettes
Où votre rire a fait son nid ;
« Sur vos yeux bleus de clématite
D’embroussailler vos cheveux blonds,
Et de rester toujours petite
Pour qu’ils vous tombent aux talons ;