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LES POÈTES DU TERROIR

celtique (Saint-Brieuc, 1904, in-12) ; Triades des Bardes de l’Île de Bretagne, trad. du gallois en français et en breton, en collaboration avec Jean Le Fustec (Bibl.  de « l’Occident », 1906, in-8o). Il a collaboré à l’Indépendance bretonne, à la Résistance de Morlaix, à l’Écho du Finistère, au journal Ar Bobl (Le Peuple) de Carhaix, à L’Hermine, au Clocher breton, à Ar Vro, etc.

Bibliographie. — Fr. Jaffrennou (Taldir), Yves Berthou « Alc’houeder-Treger », Vannes, Lafolye, 1904, in-8o. — Marcel Monmarché, Le Pays qui parle ; Revue Mame, 13 avril 1903.



LE CHEMIN CREUX
À Loeiz Herrieui (Ar Barz-Labourer).


Au seuil de ce chemin cette voix qui s’élève,
C’est la voix du chemin désert, du chemin creux
Où tu venais jadis, enfant chéri du Rêve,
Savourer ta tristesse et tes regrets des cieux.

Je suis le vieux chemin qui va, vient, descend, monte.
Et flânant, paresseux, n’arrive nulle part ;
Qui, n’ayant aucun but, n’éprouve nul mécompte
En se trouvant enfin presque au point de départ.

Je suis le chemin creux que nul cordeau n’aligne ;
Et nul, si ce n’est Dieu, ne connaît mon destin.
Large, je m’abandonne ; étroit, je me résigne,
Ici vêtu de bure, et là-bas de satin…

Tantôt je suis bordé de hauts talus de terre
Plantés de chênes nains et de saules trapus ;
Sous une voûte obscure alors je me resserre,
Et l’eau vive jaillit en source des talus.

Vêtu de noir, le merle d’eau siffle en un chêne
Au-dessus du ruisseau qui fuit en sanglotant :
C’est l’étrange concert où l’un chante sa peine,
Et l’autre son bonheur de vivre insouciant.

Et tantôt je gravis les hauteurs qui dominent
Un horizon de mer, de landiers et de champs
Où mes talus poudreux s’effondrent en ruines
Sous l’ardeur d’un soleil aux rayons desséchants.