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LES POÈTES DU TERROIR

Le mépris glorieux de l’homme et de la mort
Jusqu’au faîte des cathédrales ;
Ô Kreisker, ô bijou du pays de Saint-Pol,
Tour si délicate et si haute
Qu’il n’en est point, depuis Kemper jusqu’à Paimpol,
De pareille au long de la côte ;
Ô Kreisker endormi sur tes quatre piliers,
Avec l’infini pour enceinte,
Et qui protège les marins sur leurs voiliers,
Du milieu de la Cité Sainte ;
Ô Kreisker, dernier fils des âges merveilleux
Que nul art ne pourra revivre
Où se magnifiait l’idéal des aïeux
Dans la pierre comme en un livre ;
Ô Kreisker, ô Kreisker, si fin, si délié,
Ta flèche inaccessible semble
Le gigantesque et miraculeux escalier
Par où les Temps finis, ensemble,
Vers le Sauveur et vers la Vierge, les Bretons,
Fidèles aux vertus celtiques,
Monteront en chantant comme on chante aux pardons
Les vieux sônes et les cantiques !


Et tandis que j’évoque, ô Kreisker, ton profil.
Je revois ce pays d’extase,
Cette grave cité de mystère et d’exil
Qui médite et prie à ta base ;
Et ce fier souvenir, ô Kreisker, est de ceux
Qui hantent toujours les mémoires
Quand on a vu, du haut de ta splendeur, les cieux
S’ouvrir jusqu’aux Montagnes Noires !
Et maintenant, Kreisker, en mon âme tu vis,
Comme au fond d’un décor magique,
Plus grandiose encor qu’au soir où je te vis.
Sur l’or d’un couchant nostalgique.


Le soir tombait dans la langueur des fins d’été,
Sur la plaine et sur la montagne,
Un soir couleur de rêve et d’automne attristé